LA VOITURE A AIR COMPRIME CONSTRUITE ET VENDUE A MADAGASCAR A PARTIR DE 2005

Un quart de siècle après Mahefa, une dizaine d'années après karenjy et Faoka, le rêve d'une automobile made in Madagascar reprend de plus belle.

Bild: L'Express de Madagascar 29.11.2002
Bild: L'Express de Madagascar

L'Express de Madagascar 29.11.2002

Cette fois, la tentative n'a rien à voir ni avec le prototype que fut Mahefa, ni avec la vadrouille que furent Karenjy et Faoka. Il s'agit d'un projet costaud à double portée économique et environnementale. On le doit à la société française MDI qui projette de construire entre Toamasina et Antananarivo une unité industrielle de construction de voitures à air comprimé dont l'autonomie peut atteindre 220 km avec une vitesse de 60 km/h.

Une centaine de coopératives de transport se disent déjà emballées par ce projet révolutionnaire conçu par Auto First Motors et dont la réalisation revient au MDI.

Ce bijou de 3 places coûterait entre 50 et 55 millions. La première cible de ce projet est le parc des taxis de la capitale qui n'a pas subi de renouvellement depuis 30 ans. L'investissement coûtera à ses promoteurs la bagatelle de 100 milliards fmg. Un rapport technologique doit être rendu en janvier 2003 avant la sortie du prototype dans un an et demi, et la pré-série fin 2004. La fabrication en série est prévue pour mi-2005.

Si ce projet ambitieux se réalise, tous les feux sont au vert, donnant lieu à un grand optimisme à ses promoteurs, ce sera le vrai décollage pour l'industrie automobile malgache qui bénéficiera de la répercussion de la délocalisation et de la mondialisation.

Le projet de construction et de vente de voiture à air comprimé, que la société française Mdi compte réaliser à Madagascar, s'impose comme une véritable révolution et une innovation sans précédent dans l'industrie automobile. "Fini les ciels plombés des jours de pollution. Adieu yeux, nez, gorge qui piquent, encombrés de gaz toxiques rejetés par les autos", peut-on lire dans "Science & Vie Junior" à propos de cette nouvelle génération de véhicules, qui à l'instar de ses aînés, roule sur les quatre roues, mais à la différence, n'a nullement besoin de carburants (essence, super, gas-oil) pour démarrer et avancer. De l'air, rien que de l'air - celui que le commun des mortels respire - suffira pour qu'il se mette sans problème sur la route !

"Notre ambition première est de se servir du secteur du transport public pour développer une industrie automobile", a fait savoir, au cours d'un point de presse tenu mercredi 27 novembre en début de soirée à l'hôtel Colbert, Henri Lucy, administrateur - directeur financier du projet "Auto First Motors". En mettant en avant le concept "Concessionnaire-constructeur", c'est-à-dire fabriquer une voiture sur son lieu de vente et de consommation, ce projet, une fois réalisé, ne manquera pas de bouleverser l'utilisation de l'énergie pour véhicules.

Formalisation du système de transport public

Pour se mettre, sans aucun doute, à l'abri de la foudre du lobby des pétroliers, les concepteurs de "Auto Firts Motors" et le constructeur Mdi, ciblent, pour démarrer ce projet révolutionnaire, un marché restreint, celui des taxis urbains de Tana, la capitale. Là où ils ne rencontreront pas de concurrents. "Nous allons remettre en cause l'informalisation du système de transport public. La formalisation se fera à travers des associations et coopératives. Une centaine de coopératives ont manifesté leur intérêt à collaborer avec nous", a-t-il déclaré. Ainsi, le parc de taxis urbains d'Antananarivo aura la chance d'être renouvelé. Un renouvellement qui ne s'est pas fait depuis 30 ans. "On aimerait uniformiser la forme des taxis de Tana. Ainsi, même de loin, il serait facile et aisé de les reconnaître", a-t-il poursuivi.

Une voiture qui coûterait entre 50 et 55 millions Fmg

Selon les estimations des concepteurs du projet "Auto First Motors", une voiture à air comprimé, fabriqué et vendue à Madagascar, coûterait entre 50 et 55 millions de nos francs. "Le coût d'acquisition et le coût d'exploitation de notre voiture seront inférieurs à ceux des taxis actuels. A preuve, l'exploitation actuelle d'un taxi nécessite 60 à 80 mille Fmg d'achat journalier d'essence. Il faut y ajouter les pannes et le coût des pièces. Ce qui fait que le coût actuel d'exploitation d'un taxi s'élève à deux millions quatre cent mille francs", a-t-il estimé. D'ailleurs, la fiabilité du projet et la certitude du côut inférieur rendent ses concepteurs optimistes quant à la rentabilité de l'usine de fabrication de voiture à air comprimé à Madagascar. Une confiance appuyée par les encouragements et les enthousiasmes des autorités malgaches. "La fabrique sera installée entre Toamasina et Antananarivo pour faciliter l'acheminement des matières premières et des produits finis", a informé Eric Rajaonson, directeur régional (océan Indien) du projet.

Une enveloppe d'au minimum 100 milliards Fmg s'avèrera nécessaire pour financer cet ambitieux investissement. Un rapport d'expertise technologique, menée par des ingénieurs, doit être rendu en janvier 2003. Le premier prototype de la voiture à air comprimé "malgache" est attendu dans un an et demi. La première pré-série vers la fin 2004. Et la série à la mi-2005.

:

Steve Maniry