Un “baron” du clan Ratsiraka recherché par la justice

Clicanoo 05.11.2002

Un avis de recherche et un mandat d’amener ont été lancés contre l’ancien vice-Premier ministre Pierrot Rajaonarivelo, ont annoncé hier à Antananarivo des responsables du parti de l’ex-président Didier Ratsiraka. Le procureur de la République a confirmé que ces “mesures existaient bien” et que des “infractions précises”, qu’il n’a pas détaillées, étaient reprochées au secrétaire général de l’Arema.

L’avis de recherche et le mandat d’amener ont été lancés le 18 octobre, selon le parti de M. Ratsiraka, l’Avant-garde de la rénovation malgache (Arema). M. Rajaonarivelo, vice-Premier ministre chargé du Budget et du Développement des provinces autonomes du dernier gouvernement de M. Ratsiraka, est actuellement réfugié en France, comme la plupart des hauts dignitaires de l’ancien régime.

Depuis le retour au pouvoir de M. Ratsiraka, en 1996, M. Rajaonarivelo avait eu la haute main sur les finances de l’Etat, en tant que premier responsable du Trésor et des douanes et gestionnaire des fonds secrets de la présidence.

L’annonce du mandat d’amener lancé contre lui intervient à quelques heures de la date limite, ce soir à minuit, du dépôt des candidatures pour les élections législatives anticipées du 15 décembre prochain.

M. Rajaonarivelo est la dernière en date des personnalités de l’ancien régime à faire l’objet de poursuites, après la mise sous mandat de dépôt du dernier Premier ministre de M. Ratsiraka, Tantely Andrianarivo, le 21 octobre.

M. Andrianarivo, qui était en résidence surveillée depuis la prise du palais de la Primature par l’armée de M. Ravalomanana, en avril, est accusé d’usurpation de fonction, de détournement de deniers publics, de recel de malfaiteurs et d’atteinte à la sûreté de l’Etat.

L’ex-Premier ministre a rejoint en détention d’autres personnalités comme l’ancien gouverneur de la province de Toamasina, Samuel Lahady, l’ancien ministre de la Culture et de la Communication, Fredo Betsimifira, les généraux Antoine Boba et Andriafeno et les anciens gouverneurs des provinces de Fianarantsoa et de Mahajanga, Emilson et Etienne-Hilaire Razafindehibe.

La communauté internationale des bailleurs de fonds a poussé à l’organisation de ces législatives, vouées à doter le président Ravalomanana d’une majorité parlementaire élue démocratiquement. Ce scrutin est également une condition posée par l’Union africaine pour la reconnaissance du régime de M. Ravalomanana.


L’Arema demande le report des législatives

Le parti de l’ex-président Ratsiraka a demandé, hier à Antananarivo le report des législatives anticipées fixées au 15 décembre. L’Avant-garde de la rénovation malgache, parti fondé par M. Ratsiraka en 1975, conditionne sa participation au processus de réconciliation nationale au report des législatives et à la tenue d’une “conférence nationale”, ont déclaré les membres de son comité directeur national.

“La société malgache est malade et il faut dépister le mal avant de fixer le remède”, estime l’Arema. Ce dernier, seul parti d’opposition structuré face au régime du président Ravalomanana, demande cependant à ses membres de déposer leurs candidatures pour les législatives avant la date limite du 5 novembre à minuit, a ajouté son comité directeur national. Le parti disposait de 66 députés sur 150 dans l’Assemblée nationale dissoute le 15 octobre par le président Ravalomanana.

Jeudi dernier, l’Arema avait réclamé l’adoption d’une loi d’amnistie générale en faveur des personnes poursuivies pour les troubles post-électoraux à Madagascar.

Cet appel était signé de Pierrot Rajaonarivelo. Ce dernier lançait l’idée de l’adoption d’une loi d’amnistie basée sur la “concorde nationale”, car, estimait-il, “l’essentiel est à présent d’envisager l’avenir comme l’a si bien annoncé le président Marc Ravalomanana”.

L’Arema faisait toutefois remarquer que “la recherche de cette concorde nationale doit intervenir avant toute élection pour que celle-ci se déroule en toute sérénité, condition d’une démocratie réelle. Ceci nécessite l’adoption d’une loi d’amnistie pour effacer les faits commis au cours ou à l’occasion des événements post-électoraux du 16 décembre 2001 comme cela a toujours été le cas lors des grands événements politiques”.

Pour étayer sa proposition, le chef de l’Arema avançait un certain nombre d’arguments : “Sans contester la gravité des accusations ni s’attarder sur la véracité des faits reprochés à chacune des personnes arrêtées, poursuivies ou placées en résidence surveillée, le nœud gordien de toutes ces accusations est la question de savoir juridiquement à quelle date précise s’arrête la légalité du régime Ratsiraka et commence celui de Marc Ravalomanana.”